Cyclisme et lowcarb: La Baroudeuse Road

Comme il faut bien commencer par quelque chose, je vais revenir rapidement sur le pourquoi de cette Baroudeuse.
Je sors d'une saison d'ultra-trail pour le moins démoralisante. Mes objectifs de débuts de saison n'ont pas été atteints et je commence à saturé de la course à pieds. C'est donc vers le vélo que je lorgne actuellement.
Je suis tombé sur l'annonce de cette aventure via Facebook, une ballade à vélo de 400km et 10000m+ en autonomie totale dans le Mercantour. Sans trop réfléchir je me suis inscrit dès l'ouverture, je devais même être le premier.
Sans expérience du cyclisme version longue et sans trop de kilomètres dans les jambes, je me lance un peu à l'aveugle. Ma plus longue sortie devait faire 130km dans mon plat Berry. Après le GRP, j'ai environs 6 semaines pour m’entraîner.
La semaine fatidique arrive enfin. Je suis inquiet, je traîne des reste de rhume. Mais aussi excité comme un gamin ! Ça me rappelle mes premiers trails.
Jeudi 7 heures, je pars pour 10 heures de train pour rejoindre La Grave. Et ce n'est pas le lieu de rendez-vous ! Il y'a un bonus. Il reste encore 6km de montée pour rejoindre Peille. Ce sera un avant goût de la dernière ascension de la Baroudeuse. Mais ça m'oblige à laisser ma housse et monter mon vélo à Nice.
Jeudi 18 heures, j'arrive, en sueur, au cœur du village. Je retrouve des coureurs qui attendent tranquillement Cédric pour le briefing. Nous n'avons pas l'air nombreux. Finalement, nous seront 7. Le bikepacking dans le Mercantour en octobre a dû effrayer les postulants, dommage.
Au moins l'ambiance est conviviale et détendue. Nous dînerons presque tous ensemble dans une pizzeria, l'occasion de faire un peu connaissance.
Vendredi 6h, c'est l'heure du départ ! Enfin presque, on est un peu à la bourre. Nous partirons avec 10 minutes de retard mais avec le sourire !
Ça ne rigole plus sous mon casque. Je suis un peu inquiet face au défi qui m'attend. Je dois resté concentré pour la première descente de nuit, ça serait dommage de s'en mettre une dès le départ. Je trouve le rythme assez soutenu. Rapidement, je vais laisser filer les autres. Je sais qu'il me faut garder une allure cool sinon je vais me cramer. Je sais aussi que mes premières heures sont toujours dures et que la machine se met en route au fur et à mesure des kilomètres.

Le jour se lève sur une belle journée ensoleillée. J'arrive à Luceram et je découvre des paysages magnifiques. C'est une région que je découvre et je ne suis pas déçu. Non loin du col du Turini, je suis rejoint par Frédéric. C'est un cycliste d’expérience qui a l'habitude de rouler longtemps. Nous taillerons la bavette et la route ensemble un bon bout de temps. Notre périple nous amène à rejoindre Saint Martin de Vesubie, km 60 et 4 heures de roulage.
Il est temps de faire une pause boulangerie ! Comme par hasard, nos compères ont déjà pris les lieux d’assaut. La petite troupe se retrouve autour des cafés et croissants. Pas le temps de mollir, car il nous reste encore un peu de route à faire. Direction le col St Martin pour se remettre en selle ! Une fois le col passé c'est une descente vers la vallée de la Tinée, superbe avec ses falaises roses.
Petit à petit le groupe s’étire. Normal, nous attaquons la montée vers le col de la Couillole. Au km 100, c'est le premier CP à valider. J'ai de bonnes jambes. Je dois même surveiller mon cardio pour le pas m’enflammer et toxiner. Je décide de baisser volontairement le rythme. Chacun montera à son allure et c'est à Beuil que le groupe se reformera pour une pause dans un petit restaurant.

Je suis en forme et je prends la décision de repartir seul. Ça traîne un peu trop à mon goût. On verra si je ne suis pas trop optimiste et si je n'aurais pas dû rester avec les autres.
La montée vers le col de Valberg se passe tranquillement. Le Mercantour offre vraiment des paysage à couper le souffle.
A St Martin d'Entraune, un panneau annonce la montée vers le col des Champs. Je ne l'avais pas noté celui-ci. Erreur ! Car c'est celui ou je vais le plus peiner... La montée n'en fini pas et les alternance de parties ensoleillée et de parties à l'ombre glaciale ne vont pas arranger les choses.
En prenant le temps, j'arrive enfin au col. Il n'est que 17h30 mais il fait déjà super froid ! Je me couvre pour la descente, direction Alloz. Au village, je refait le plein, eau, sandwich, banane et Coca. C'est qu'il y'a le fameux col d'Alloz qui m'attend. Son ascension se fera plutôt facilement.

Je passe le col de nuit. C'est dommage, je ne verrais pas le final. Cela me pousse à réfléchir sur la suite de l'aventure. Soit je continu vers la Cime de la Bonnette et je dors de l'autre côté, soit je stoppe avant et passe la Cime de jour. Je prends la décision de stopper à Jausier pour voir la Bonnette au levé du jour. En dehors de l'aspect performance sportive, ça serait quand même dommage de louper ça ! En plus le col est normalement fermé de 20h à 10h pour cause météo.
Par contre, comme je tousse de plus en plus à cause des chaud/froid, j'opte à la dernière minute pour un gîte. L’accueil à « La Bartavelle » est incroyable. Les gérants super sympas sont aux petits soins avec moi.
Samedi 5h30, départ de Jausier vers la fameuse « plus haute route d’Europe » . En chemin, je retrouve Frédéric qui fait le même choix que moi. Mais lui à dormi à la belle étoile ! Chapeau !

Nous montons quelques temps dans la nuit. Rapidement le jour se lève sur un paysage assez particulier. C'est très minéral, aucun arbres, juste de l'herbe grillée. J'adore. Par contre, plus on monte, plus il fait frais. La fin de la montée vers la Cime est assez raide et bien ventée. Je ne m'attarderais pas au sommet. Mon GPS relèvera -2°.
Je descends en solo jusqu'au village de St Etienne de Tinée où je suis rejoins par mon compère pour un solide petit-déjeuner. La suite est une longue descente jusqu'à la bifurcation vers Utelle.


La route deviens assez étroite et « chaotique ». Les mini bidonvilles avec les épaves de voitures, le plein soleil de midi et les coups de cul bien raides donnent à cette ascension une impression de bout du monde. Frédéric est un peu à la peine et préférera terminer seul, à son rythme. Je suis un peu triste de le laisser et de ne pas finir ensemble mais je n'ai pas envie de lui gâcher sa fin de route en lui imposant une allure qui ne lui convient pas.



Il doit rester 70 km. A la vue du profil, je sais qu'il ne reste plus de grosses ascensions. En restant calme, ça devrait se passer gentiment. Par contre, j'ai faim ! Je ne trouverais une épicerie ouverte sur mon chemin qu'à Contes au km 380 à 16h00.
Après un petit sandwich/coca, je repars pour finir cette aventure. Je repars le cœur léger. Léger comme dans les tous derniers kilomètres d'un ultra où tu sais que c'est gagné. Ça faisait longtemps que je n'avais pas ressenti ça, qu'est ce que c'est bon !

La dernière grimpette se fera à bloc, autant que possible après 400 bornes. Mais je monte presque tout en danseuse, j'ai encore des jambes et je veux finir en moins de 35h30. Pour rien, juste pour me motiver à accélérer dans la montée.
Euphorique, j'arrive dans le village de Peille. Je m'attends à une arrivée habituelle avec concurrents et famille en nombre. Mais non ! Personne ! Il n'y personne ni au lieu de départ, ni au lieu de briefing. Finalement, je retrouve les participants dans une petite rue. C'est aussi ça la Baroudeuse, pas d’esbroufe. Juste une aventure.
Je boucle donc mes 403 km en 35h40.
Un peu fatigué, mais heureux. La fin de journée se fera autour du repas final. Ça nous permet de revivre un peu ces 2 jours si intenses.
Comme tout à une fin, je dois repartir en sens inverse le dimanche matin pour le même voyage que le jeudi. Le voyage est long et je scrute mon écran pour avoir des nouvelles des Baroudeurs qui ne sont pas encore arrivés. Ils termineront sur le fil, juste dans les temps. Oufff !
Le bilan de cette aventure est positif mais lève de nombreuses interrogations. Elle sauve une saison de course à pied assez frustrante.
Elle confirme aussi que j'aime l'ultra même en vélo et que ça semble assez bien me convenir. Que c'est agréable de pas devoir souffrir pendant des heures, simplement de devoir fournir un effort. J'adore ce sentiment de liberté donné par l'autonomie, t'es responsable de tes choix.
Et en vélo, on en voit plus.
Par contre, c'est un bouleversement dans mes plans sportifs. Je suis un trailer, pas un cycliste. Je devrais repartir sur la Chartreuse Terminorum, pas sur la BTR ! Mais j'en veux encore...

Commentaires